Qui suis-je ?


Je suis née durant la guerre, à l’aube d'un beau matin de juin 1944, dans un petit coin perdu, au Nord de la Tunisie.
Mes parents, ayant dû quitter leur maison et leur village en raison des bombardements, avaient trouvé refuge dans les dépendances d'une vieille ferme, au confort rudimentaire, et c'est dans ce contexte d'insécurité que je suis venue au monde.
Mon papa, mobilisé par l'Armée Française et absent du foyer familial, ma maman se retrouvera seule, avec ses trois enfants : mon frère âgé de huit ans, ma sœur de cinq,  et un bébé tout chétif qui venait de naître : moi.

Je voudrais ici ouvrir une parenthèse afin d'apporter quelques précisions sur la période qui entoure ma naissance ; Quel intérêt, me direz-vous de remonter si loin, pour expliquer la maladie dont j'ai été victime bien des années plus tard ? Et bien parce qu'il y a un lien (et je n'en ai plus le moindre doute aujourd'hui), entre ce qui s'est passé avant, pendant et après ma naissance, et l'émergence de ma maladie auto-immune, 43 ans plus tard.

Il m’aura fallu 25 ans de recherches assidues dans le domaine de la santé, lire des milliers de livres et passer autant d’heures sur le Net, faire d’innombrables  expériences sur moi-même, frôler la mort à plusieurs reprises, pour découvrir et comprendre enfin, comment et pourquoi un tel cataclysme s'était abattu dans mon corps, détruisant certains organes vitaux ; C'était il y a 25 ans et la médecine à cette époque m'avait condamnée à cinq ou six mois de vie !

Bébé chétif disais-je, à ma naissance, mes débuts dans la vie furent bien difficiles et pour cause : maman stressée par la guerre, carencée  par des restrictions alimentaires, épuisée par sa grossesse, intoxiquée par le mercure de ces plombages dentaires (poison redoutable dont on connaît aujourd'hui les conséquences désastreuses, tant sur la santé de la mère que sur le fœtus), sans compter ses fragilités métaboliques et immunitaires qu'elle hérita certainement de ses propres parents etc.... Ceci étant  (en partie), la conséquence de cela.

Malheureusement, ce n'est pas tout ; Ma maman ne pût m’allaiter,  son lait ayant été « coupé » suite à une grande frayeur  (un chien qui lui sauta à la gorge,)  juste après ma naissance .  Or, en ces temps de guerre, il était impossible de se procurer du lait ; il n'y avait rien d'autre que des boîtes de lait concentré sucré, périmé depuis longtemps et dont la couleur avait viré au marron foncé... Ce lait était une véritable catastrophe nutritionnelle pour les nourrissons ;
C'est ainsi que je fus victime de la terrible et tristement célèbre épidémie de gastro-entérite qui, à cette époque, décima des milliers de nouveau-nés.

Ma maman me racontera plus tard  l‘angoisse permanente dans laquelle elle vivait, et sa crainte de me retrouver morte dans mon berceau, tant j’étais squelettique et mon état désespéré ; Les bébés du village mouraient  tous, les uns après les autres, même ceux qui, a la naissance, avaient un poids supérieur au mien ; Aussi ne pouvait-elle s'empêcher de penser que « le prochain »,  ce serait le sien....

C'est alors qu'elle entendit parler de ces  fameuses  piqûres d’eau de mer injectées dans le ventre des bébés et qui semblaient faire des miracles. Je pense que vous aurez deviné qu'il s'agissait,  bien entendu, du célèbre  « sérum de Quinton ».

C'est ainsi que plusieurs fois par semaine, une infirmière venait m'injecter une grosse seringue de ce sérum dans mon petit corps décharné et voilà comment ce bébé, qui, contre toute attente, était  lui aussi voué à un funeste destin réussit,  tout doucement, à se raccrocher peu à peu à la vie.

Je suis convaincue que ce sérum de Quinton qui a sauvé des milliers d'enfants, a réellement contribué à ma « résurrection » Il faut également rajouter à cela toutes les stratégies que ma maman utilisait pour dénicher tantôt un peu de lait d’ânesse, tantôt un peu de riz (dont elle me faisait boire l'eau de cuisson) etc.... et qui réussiront tant bien que mal à me faire prendre un peu de poids. Vers l'âge de huit mois , mes parents pouvaient enfin espérer que je survivrai.

Cependant, cet épisode difficile de ma vie post et péri natale ne restera pas sans conséquences néfastes sur mon immunité et mon état de santé dans l'avenir. On sait depuis longtemps à quel point les gamma-globulines contenues dans le lait de la mère sont extrêmement précieuses, non seulement parce qu'elles assurent la protection de l'enfant dont le système immunitaire est immature à la naissance, mais aussi parce qu'elles vont aider l'enfant à construire sa propre immunité.
Je n’ai  pû malheureusement bénéficier de cette protection, et dès ma petite enfance je me suis mise à souffrir d'une kyrielle de troubles qui ont beaucoup perturbé ma santé et ma scolarité : hyperactivité, infections à répétition, difficultés importantes de concentration et de mémorisation, troubles de la thyroïde, allergies,  stress et anxiété subis notamment à l'école, (enfant gauchère « très contrariée »), etc… J'ai passé une bonne partie de mon enfance dans les cabinets de médecins qui me prescrivaient toutes sortes de drogues aux effets secondaires aggravants.

Plus tard, à l'adolescence, ce seront d’autres symptômes qui apparaîtront : Spasmophilie, gonflement de tous les doigts des mains (signalant déjà  de l’inflammation et des troubles du métabolisme), hypothyroïdie, et toujours les mêmes difficultés de concentration et de mémorisation dans ma scolarité ; Aujourd'hui seulement j'en comprends les causes, et les causes derrière les causes…

Les années passèrent... Mariage, etc.... À 23 ans, et après plusieurs fausses-couches spontanées (toujours les mêmes causes sous-jacentes), naissance attendue de mon premier enfant suivie d'une immense fatigue, spasmophilie, tétanie, impossibilité d’allaiter, dépression, angoisses, etc.. Durant  les 4 années qui suivirent,  je vivrais un mal-être épouvantable que la médecine ne pouvait expliquer ; Quant à mon bébé, il souffrira d’infections ORL à répétition, Ablation des amygdales, de troubles digestifs (dont constipation opiniâtre), jusqu’à l’âge de 4 ans env.

A 29 ans, naissance toute aussi attendue de mon 2ème enfant, suivie cette fois d’un épisode de polyarthrite généralisée sévère et très douloureux, associée à une immense fatigue qui durera six mois. Là encore, je serai dans l'impossibilité d’allaiter.

Tous ces symptômes étaient pourtant des sonnettes d'alarme, des signes révélateurs d’une défaillance immunitaire que la médecine malheureusement, n’avait pas détectée, du moins à ce stade ; Celle-ci s’aggravera au cours de ma vie, à l’occasion  d’évènements stressants : divorce, perte d’emploi, difficulté financière,  ménopause, dévitalisation dentaire totale, etc.. qui favoriseront l’émergence de ma pathologie auto-immune (Lupus, sclérodermie, syndrome de Sharp, et  de plusieurs pathologies connexes. )

Mon deuxième enfant ne souffrira pas dans sa petite enfance d'épisodes infectieux récurrents, comme mon fils aîné, mais  il sera  très perturbé dans sa scolarité,  par les mêmes troubles que moi,  lorsque j’étais enfant : hyperactivité, difficultés de concentration et de mémorisation, dyslexie, anxiété,  émotivité,  etc.... qui  perturberont  également son équilibre émotionnel et psychique.

C’est en 1986, une dizaine d’années plus tard, et suite à une série d’évènements graves, que ma vie basculera dans l’enfer de la maladie auto-immune.

                                                                                                           
(Voir « Mon  Parcours » ou « Mon  Témoignage »)